Le salon Rétromobile, grand rendez-vous de la voiture ancienne et de collection, ouvre ses portes du 8 au 17 février à la Porte de Versailles. La 2CV, qui fête ses 60 ans, est à l'honneur.
Doyenne indémodable, la 2 CV a 60 ans, et son capital sympathie auprès des générations successives n’a jamais faibli. Ceux qui la connaissent, ceux qui la découvrent, s’éprennent vite de ses formes généreuses et ses yeux rétros. Une bonhomie que la Petite Citroën continue d’afficher sur toutes les routes du Monde. Il est en effet encore fréquent de nos jours de croiser cette impérissable jeunette.
De par son concept économique et simple alliant les dernières évolutions technologiques de l’époque, la 2CV a révolutionné l’industrie automobile mais aussi la société en ouvrant la voie à la voiture économique, populaire et polyvalente. Cette volonté d’innover qui a animé les ingénieurs dans les années 30 et 40 pour nous offrir ce véhicule indémodable se poursuit car l’esprit avant-gardiste de la 2CV reste, aujourd’hui plus que jamais, dans les gênes de la marque.
Les femmes et l'automobile : thème de Rétromobile
Et puisqu’il est question d’amour, évoquons ici les femmes mises à l’honneur par cette 33e édition du Salon Rétromobile.
La complicité qui unit le genre féminin à la 2 CV est d’autant plus évidente qu’avec le recul historique, on peut raisonnablement associer l’émancipation de la femme, à partir des années 60, à l’aura de liberté qui entoure la plus populaire des voitures françaises.
« Ceci n'est pas une voiture, c'est un art de vivre », collée sur la porte de coffre, cette maxime baba-cool était, pour la conductrice, le conducteur, leurs passagers et passagères, une façon d'afficher un peu plus leur autonomie et leur différence. Ce n’est pas un hasard si, en avril 1976, Citroën lance la 2 CV Spot (produite à 1800 exemplaires), première d’une succession de séries limitées qui voit notamment apparaître par la suite la fameuse 2 CV Charleston bicolore en octobre 1980 ou la 2 CV Dolly en mars 1985.
Du statut de voiture-outil, la 2 CV se mue de plus en plus en voiture de jeunes et de femmes pour qui elle s'égaye et se raffine. Ajoutons pour clore ce chapitre, que, si elle se jouait des modes et était résolument spartiate à ses débuts (pour le miroir de courtoisie de madame derrière le pare-soleil, il faut attendre 1963…), elle possède ce double don du beau et de l’utile.
La 2 CV détenait surtout un atout déterminant et éminemment féminin : elle offrait en effet, pour un prix modique, le luxe de pouvoir rouler en décapotable.
Dès le début de la commercialisation de la 2CV, Citroën communique en vantant les innombrables mérites de la 2 CV avec un dépliant commercial montrant photographies à l’appui, l’infinité d’utilisations que l’on peut avoir de cette voiture polyvalente. Ce couteau suisse des routes rend aussi bien service au boulanger qu’au représentant en mercerie ; il est aussi indispensable au curé de campagne qu’au sabotier. Phénomène avant-gardiste en cette fin des années 40, la gente féminine n’est pas oubliée : la femme au volant est bien un phénomène nouveau. L’on peut voir la sage-femme, la modiste ou la matelassière, charger à ras bord leur Petite Citroën. De même que le cahier des charges d’origine prévoyait que la voiture devait pouvoir traverser un champ labouré avec un panier d’œufs dans le coffre sans en casser un seul, c’est tout naturellement que l’on voit une fermière se rendant au marché au volant d’une 2 CV.
Appelez-moi "Dedeuche"
On mesure la popularité de la 2 CV à la variété des surnoms dont elle est, ou a été, affublée en France et dans le monde entier. Chez nous, elle est le plus souvent connue sous son doux nom de « Deux-pattes », de « Deuche », « Dedeuche ». On l’a également qualifiée de « Quatre-roues-sous-un-parapluie » voire de « Parapluie-à-quatre-roues ». On l’a même désignée « L’éternelle », « La trépigneuse » (terme employé juste après-guerre pour marquer le fait que ses roues s’agitent beaucoup dans les ailes). Une simple recherche sur Internet permet en outre de découvrir des sobriquets rigolos tels que « Vilain petit canard », « Cocorico » (parce qu’elle reproduit le cri du coq quand elle démarre) ou « saute-congères » (il est vrai qu’elle est aussi très à l’aise sur la neige). A l’étranger, elle suscite aussi l’inspiration. Les Allemands et les Néerlandais surnomment ainsi la 2 CV le « Canard » tandis qu’en Flandre, on l’appelle « Petite chèvre » (le bruit du moteur au démarrage sans doute). Elle est le « Chameau d’acier » en Afrique du Nord, la « Two ci-vi » sur le continent nord américain et en Finlande, on parle de « Rättisitikka », traduisez « la voiture du chiffonnier ».
Au salon retromobile, de nombreux anniversaires pour Citroën : la Méhari fête ses 40 ans et C4 et C6 soufflent leurs 80 bougies.