Fin 1981, je reçois un coup de fil de Jean-Paul Cardinal, patron des Relations Publiques, qui me demande si je veux essayer la 2CV de James Bond, celle qui vient de tourner dans " For your eyes only ". Je vais chercher la voiture le lendemain, n'imaginant pas une seconde où je mets les pieds. D'abord, elle fait un potin d'enfer, pas loin de l'échappement libre. Rien à voir avec une 2CV normale, celle-là est hyper-puissante avec des vitesses qui accrochent méchamment, des freins qui freinent sur rendez-vous, une suspension qui talonne... A ce moment, je ne sais pas encore que son châssis provient de l'Ami Super et son moteur de la GS 1015.
Le plus drôle : je me fais arrêter dans la montée de Villiers-le-Bel, un dimanche après-midi par deux C.R.S. à moto. Pas rasé depuis deux jours, pas de papiers sur moi... mais le plus gênant est à venir ! La carrosserie a une bonne vingtaine d'impacts de balles, des vraies celles-ci, réalisées pour les besoins du film avec un 357 Magnum à bout portant. Il ne manque que les douilles sur le plancher. Sous la plaque française, les policiers trouvent une plaque... madrilène ! Normal, le film a été tourné en Espagne.
Allez expliquer à des C.R.S. qu'ils ne doivent surtout pas s'inquiéter devant un gars hirsute et sans papiers au volant d'une voiture jaune vif trouée de balles avec des fausses plaques... Heureusement, le plus gradé avait vu le film. Il avait vu aussi mes yeux respirant la franchise et la camaraderie...
C'était très gros, trop gros pour être vrai !.. Fin de l'histoire qui se termina en douceur.
Philippe Hazan
Editorial de "Au Volant" n° 2 - 4ème trimestre 2008.